Joseph Haydn

Felix Mendelssohn

Trio n°1 opus 49 en ré mineur

1839

Écrit en 1839, le premier de deux trios pour piano, le Trio pour piano en ré mineur de Mendelssohn est probablement sa composition de chambre la plus connue et de loin sa plus aimée. Les deux premiers mouvements livrent à eux seuls une mélodie plus lyrique que des œuvres entières d’autres compositeurs. Contrairement à ses ancêtres classiques avec leur penchant pour les thèmes plus courts basés sur des motifs, Mendelssohn construit sa sonate du premier mouvement avec deux thèmes, tous deux de vastes chansons à plusieurs phrases d’une plénitude surprenante. Qui plus est, ces airs mémorables sont naturellement donnés à la paire d’instruments parfaite, le violoncelle et le violon. Chantant individuellement en dialogue et se combinant en harmonie et en contrepoint, leurs gammes et timbres complémentaires imprègnent une grande partie de l’œuvre de la dualité entrelacée des amants.

Pour faire de ce duo un trio, Mendelssohn écrit une partie de piano tout aussi mémorable, sans doute l’aspect le plus distinctif du trio. Ici, malgré sa réputation commune de classique conservateur, Mendelssohn parle le vrai langage de son contexte romantique, écrivant pour la pièce intime du personnage ainsi que le virtuose passionné. Vrai tout au long de l’œuvre, cela n’est nulle part plus apparent qu’avec le deuxième mouvement Andante qui débute par une délicate mélodie du piano solo avec toute la grâce et le charme de ses nombreuses miniatures pour piano rassemblées sous le titre « Chansons sans paroles ». Ainsi commence le point de repos rêveur dans le trio, un autre exemple de lyrisme mémorable dans un style distinctif pour lequel l’œuvre est chérie.

S’il n’avait pas encore tamponné le trio de sa signature reconnaissable, Mendelssohn l’a fait avec le scherzo, comme il a toujours tendance à le faire. Flotte, mercuriel, diaboliquement virtuose, le troisième mouvement commence par une délicieuse prémisse au piano solo qui intègre rapidement le violon et le violoncelle dans un parfait jeu de partenaires égaux qui se déroule sans heurt du début à la fin. L’harmonie est due non seulement au mouvement perpétuel de la musique, mais au fait remarquable que ce scherzo n’a pas de trio formel. Pourtant, la forme est ternaire avec une « partie » médiane caractérisée par un drame intensifié, une tempête nuageuse qui perturbe la gaieté autrement incontrôlée des sections extérieures. Malgré son lyrisme réputé, le trio dans son ensemble est plein d’énergie motrice, de l’agitation agitée du premier mouvement à la danse animée du scherzo à la puissante ruée vers l’avant du finale. Plusieurs fois, cette force et la texture de l’ensemble font irruption dans une musique d’un poids énorme avec des proportions presque orchestrales. Il défie presque son contexte au sein d’un trio avec piano ou, en d’autres termes, démontre la puissance réelle du trio avec piano. C’est particulièrement le cas dans le mouvement final. Mais cela ne domine jamais ; au contraire, il se développe organiquement à partir d’une texture de chambre en constante évolution qui offre simultanément certaines des délicatesses les plus clairement gravées que l’on trouve dans toute la musique de chambre. C’est l’équilibre fluide et parfaitement construit de ces polarités au sein de sa musique qui rend l’art de Mendelssohn si merveilleux, si bien conçu, si naturel, direct et « facile ». © Kai Christiansen Utilisé avec autorisation. Tous les droits sont réservés.

 

Illustration :
Joseph Mallord William Turner, Le Combattant Téméraire, 1839, huile sur toile, 90.7 x 121.6 cm, National Gallery, Londres.